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Aventuralpines

Découvrir Armand Charlet

16 Septembre 2006, 14:04pm

Publié par Aventuralpines

"Vocation Alpine"

Armand Charlet

Editions Victor Attinger
édité en 1949

 

 

 

 
 
Où le trouver :
Vocation Alpine a été édité pour la première fois en 1949 par les éditions V.Attinger, dans la collection montagne, une des plus célèbre et ancienne collection de montagne. Préface du Dr Azéma. Une dizaine de photos en NB. On peut le trouver sur internet ou dans les librairies d’occaz entre 15 et 28 euros. En 1998, les éditions Hoebeke on réédité ce texte, avec des photos en NB. 213 pages. On peut le trouver neuf, ou en occaz, entre 5 et 10 euros. Prix neuf : 15 euros

Mon commentaire :
Si “ c’est à la Verte que l’on devient alpiniste”, Armand Charlet (1900-1975) a été un grand alpiniste. Le nom de ce guide d’Argentière reste associé à ce sommet prestigieux. Il l’a gravi une centaine de fois, ouvrant plusieurs itinéraires d’envergure, dont deux sur le versant du Nant-Blanc. C’était son jardin.

 

Avec “Vocation alpine”, Armand Charlet revient sur ses débuts de montagnard. C’est le guide célèbre, le professeur de l’ENSA respecté, qui écrit cette autobiographie. Armand Charlet revient sur ses premiers pas en montagne, évoque l’enfant qui s’attaquait aux rochers du col des Montet. Il raconte le rôle de son père dans sa vocation alpine, quand adolescent il partait le week-end en ski, à l’assault du col de Balme, avec son père et son frère. Ensuite, il consacre un large chapitre à ses expéditions, lors de son service militaire, puis raconte ses premières courses et ses débuts en tant que guide. On le quitte après sa traversée des Aiguilles du Diable.  Dans les derniers paragraphes, le lecteur a la sensation grisante d’accompagner le guide. Ce n’est plus le livre que l’on tient en main, mais un piolet en bois, une corde de chanvre. Oubliées les pantoufles : à la place on a chaussé de vieilles 10 pointes.

Dans chaque récit d’ascension, c’est bien le guide qui tient la plume. Lisez plutôt : “ Ainsi s’acheva le premier acte de mes débuts dans la carrière de guide, les résultats avaient dépassé mes prévisions les plus optimistes. Grâce à M. Blanchet et M. Tézens (NDLA : des clients), qui nous avaient fait confiance, nous avions pu tenter et réussir quelques-unes des ascensions qui nous tenaient le plus à cœur. (...) Pour tenir jusqu’à la fin juillet, il fallut se contenter de courses beaucoup moins attirantes ”. Armand Charlet raconte également quelques épisodes cocasses, dont le départ d’une de ses premières courses avec client. Parti trop tôt dans le Noir, il faillit se tromper de sommet.

Vocation Alpine est un vrai livre sur la relation client/guide, et plus généralement la relation humaine en montagne quand on est relié par un bout de corde. Et quelques-unes de ses remarques sont encore bien vraies aujourd’hui. Il fait ainsi le récit d’une “ collective” qu’il conduit au Moine : “ une caravane nombreuse est toujours longue à s’apprêter le matin, il y a souvent des étourdi qui égarent une partie de leurs affaires (...° ). Cela avait été notre cas, ce qui malgré mes exhortations, nous avait relégués presque en dernier rang au départ du refuge ”.

“ Vocation Alpine” est aussi l’occasion de mieux connaître l’homme, né à Argentière en 1900, d’une vieille famille de la commune. “ Il y avait déjà en 1728 sept familles distinctes portant le nom de Charlet ” écrit-il dans la première page de son autobiographie. Dans ses ancêtres, on retrouve plusieurs grands guides : Jean-Estril Charlet, plus connu sous le nom de Charlet Straton, a réalisé la première du Petit Dru en 1878; Michel Charlet, moins connu, fut son grand-père paternel; et Ambroise Ravanel, guide lui aussi - il faisait surtout le “ rentorgnou” à la Mer de glace –a été son grand-père maternel. “ Si mes grands-pères ne sortirent pas de l’ordinaire en tant que guides, mes grands oncles Joseph et Gaspar Simond furent (...) des guides de grande classe ”. Armand Charlet raconte qu’il a été impressionné, et certainement influencé par Gaspard Simon, “ un des grands glaciéristes (...) il fait 5 fois le Mont-Blanc avec départ de Chamonix”. L’enfance d’Armand Charlet a été baignée par les récits de ses ainés : “ mon grand père se plaisait à lancer l’oncle Gaspard sur sa longue carrière de guide”. C’est cet oncle qui lui racontera la première ascension de la Vert par Wymper et l’émeute qui s’en suivie à Chamonix. Son amour de la
Verte lui vient-il de là ? En tout cas, ce passé familial a participé à la construction de
l’alpiniste amateur, puis du guide qui commence à exercer dans les années 1920-30. Mais sa culture alpine est celle de la fin du XIXe siècle, celle de sa famille. Celle d’un alpinisme classique, qu’il va pourtant arriver à faire évoluer, sans pour autant totalement s’affranchir de quelques habitudes. Ainsi Armand Charlet refusa d’abandonner les crampons à 10 pointes, ou répugna à employer systématiquement les pitons.

Logiquement, il arriva à la limite des possibilités humaines. Ses courses, sa rapidité, ses premières, son rôle à la compagnie des guides et à l’ENSA lui conférèrent un rôle important dans la vallée de Chamonix. Aujourd’hui, il reste une figure de l’alpinisme.

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